La zététique souffre d’un problème de croissance. Le sens du terme « zététique », ces dernières années, s’est considérablement transformé: si à la base, dans la continuité du Comité Para, les zététiciens tentaient (et tentent encore) de produire de la vulgarisation sur une gamme de sujets certes large mais définie, avec un intérêt particulier pour le paranormal ou les allégations vues comme « extraordinaires », le mot en est trop souvent venu à désigner un fourre-tout sans définition explicite, sinon par une vague référence à une méthode de l’analyse des arguments (quand ce n’est pas comme « la » méthode scientifique elle-même).
Parmi les nombreux problèmes posés par ce déplacement (et cet élargissement) de sens, l’emphase accrue sur la détection de ce que le milieu désigne par le vocable de « sophisme » est un de ceux qui posent le plus problème. De fait, la chose ne pose pas un problème simple, mais bien plusieurs problèmes, de gravité plus ou moins importante, problèmes qui ne sont que peu discutés1. Le présent article a pour vocation d’introduire une série d’articles, un « antibestiaire des fauxphismes » (selon l’amusant néologisme créé par un camarade), qui se veut une critique – et une solution – à l’un d’entre eux, possiblement le plus important: la mauvaise interprétation de ce que sont ces créatures curieuses que sont les (mal nommés) « sophismes ».
A. Quatre problèmes posés par la « chasse aux sophismes »
Avant d’en venir au problème spécifique qui sera l’objet de cette série, évoquons quatre autres problèmes de gravité inégale.
Premier problème – où l’on rappelle au lecteur l’origine du mot « sophisme »
Le premier, sans doute le moins important, est que le terme « sophisme » en lui-même est le produit d’une calomnie platonicienne à l’encontre de ses adversaires politiques2.
Il n’y a pas d’unité théorique derrière le terme de « sophistes », pas d’école philosophique au sens propre3; mais ce qui fonde la critique que leur fait Platon, est basé sur le double fait que beaucoup (Protagoras, par exemple) sont des matérialistes; et qu’ils prétendent armer les citoyens pour l’arène politique en produisant une sorte de philosophie, ou de critique, du langage, afin d’en déjouer les pièges. Pour un Platon anti-démocrate, qui définit dans la République sa Cité idéale comme dirigée par des rois-philosophes mentant et manipulant une masse informe de toute façon inaccessible à la pensée4, cette idée, évidemment, ne pouvait que lui paraitre haïssable5. Platon se livre pour saper leur influence à toute une série d’attaques indues, dont celle qui consiste à déformer grossièrement une partie de leur travail réel, enseigner les pièges du langage, pour l’assimiler à du mensonge. Ce n’est pas même l’attaque la plus sale à laquelle il se livre (à mon sens, la palme revient à l’accusation d’être des « prostitués » de la pensée; Platon l’aristocrate athénien avait beau jeu de qualifier ainsi des étrangers à la Cité, qui en tant que tels étaient soumis à des impôts supplémentaires, et sans bénéficier des avantages d’être né dans une famille riche, au seul prétexte qu’ils faisaient payer leurs services). C’est en revanche cette accusation de mensonge qui sert de base à l’usage moderne des qualificatifs « sophisme » et « sophiste ».
C’est un problème relativement mineur, les mots changent de sens, et je doute que beaucoup d’utilisateurs contemporains du terme « sophisme » pensent à Platon et Protagoras en s’en servant; je suis toujours attristé de voir se perpétuer une vieille calomnie de quelqu’un qui reste un adversaire tant sur le plan politique (c’est un réactionnaire) que sur le plan épistémique et cosmologique (c’est un idéaliste et un réaliste presque pur). Mais enfin les concernés sont morts il y a presque deux millénaires et demi, cette question n’est plus d’une actualité criante.
Second problème – où il est rappelé que les idées de « mensonge » et « d’erreur » ne sont pas interchangeables
Un second problème est déjà plus lourd de conséquences. Le terme « sophisme » reste attaché à une idée d’intentionnalité dans la tromperie. Taxer quelqu’un de « sophiste », à l’époque de Platon comme à la nôtre, reste une manière de le déclarer menteur, pas simplement quelqu’un qui se trompe ou commet une erreur. Mais ce problème peut être résolu, tout comme le précédent, en changeant de vocabulaire, en utilisant des termes plus neutres comme « paralogisme » ou « raisonnement fallacieux ».
Malheureusement, les autres problèmes que je vais évoquer ici ne peuvent pas être contournés à si peu de frais.
Troisième problème – où le lecteur apprend, à son grand étonnement, qu’il est malaisé d’avoir une conversation honnête quand on n’est motivé que par la chasse à l’erreur
Le troisième problème, est que cette emphase conduit à un comportement tristement habituel, qui a donné lieu à toute une série de publications malheureuses qu’on peut ranger dans une catégorie ainsi nommée: « expliquez-moi pourquoi j’ai raison ».
Un exemple parmi tant d’autres, chiné sur le groupe facebook « Zététique »; j’ai l’intuition que ce raisonnement est faux, raisonnons collectivement pour me donner raison. Un esprit taquin pourrait appeler ce genre de post une incitation au biais de confirmation.
Notez que – et c’est trop souvent le cas avec ces posts, l’auteur est dans l’erreur. La phrase n’est pas nécessairement attribuable à un paralogisme. Son usage courant est surtout basé sur l’idée que si quelque chose n’a pas de conséquence négative, dans le pire des cas l’usage de cette chose est sans importance. Il y a une ellipse, un implicite qu’en général n’ignorent ni la personne qui dit cette phrase, ni son interlocuteur. La phrase peut être fausse, en fonction du contexte (si l’implicite, « c’est sans danger », est faux), mais elle ne l’est pas nécessairement.
Personne, cependant, n’avait évoqué cette possibilité dans les commentaires au moment de cette capture d’écran. Les commentaires, comme à l’ordinaire, étaient une longue litanie de gens allant à la pêche, et comme à l’ordinaire, ont été cité la plupart des usual suspects: argument d’autorité, appel à l’ignorance, faux dilemme, etc.
Cette attitude est des trois problèmes que je viens de citer, de loin la plus problématique. Elle ne se résout pas simplement par un changement de vocabulaire; elle traduit, et incarne, la manière dont le milieu interagit avec l’extérieur, et sa position face à la contradiction.
Par défaut, le discours adverse est considéré comme faux, « sophistique », « biaisé ». Dans cette perspective, il y a une tendance parmi les zététiciens (tendance qui n’est pas généralisée, mais qui est trop souvent assez mal combattue, et pas assez) à n’écouter les gens extérieurs que pour trouver des armes pour leur donner tort. En dehors du caractère peu charitable (doux euphémisme) de ce rapport à la discussion6, il y a un problème plus technique à cette manière d’aborder le débat: il est nécessaire pour comprendre un argumentaire de suivre son raisonnement d’une manière globale; et ceci, nécessite de ne pas traiter le discours comme une suite d’arguments disjoints – et à fortiori, de ne pas mobiliser son attention sur la tentative d’infirmation de ces arguments, et de ne pas le considérer comme irrationnel par défaut7.
Quatrième problème – où l’on parle de l’arroseur arrosé, qui est toujours plus drôle dans les vieux films muets que dans les conversations
Chasser le « sophisme » n’a réellement qu’un but: remporter la discussion. On l’a vu, cette manière d’aborder l’échange est, en soi, un problème; mais cette manière d’utiliser la chasse au sophisme pour atteindre ce but est en elle-même plus que problématique.
Se servir de l’identification, réelle ou fantasmée, d’un paralogisme dans le discours de l’autre, pour discréditer la thèse adverse, et dans le même temps certifier la valeur de sa propre thèse, n’est pas une argumentation valide. Il s’agit même, en fait, d’un paralogisme: le paralogisme du paralogisme.
D’une part, une erreur d’argumentation n’invalide pas nécessairement la thèse adverse. Une conclusion peut être parfaitement vraie, même quand elle est fondée sur de mauvais arguments8. Mieux: un argument peut être spécieux sans que l’argumentaire dans son ensemble en soit nécessairement falsifié: dans un débat, tous les arguments donnés ne sont pas forcément absolument nécessaires à l’argumentation, et pour que l’argumentaire soit invalide il ne suffit pas qu’un argument soit mal fondé, il faut encore que cet argument soit nécessaire.
D’autre part, même si l’argumentaire et la conclusion de la thèse adverse s’avèrent tous les deux faux, en règle très générale ce n’est pas suffisant pour que sa propre thèse en devienne vraie. Deux débatteurs peuvent tous les deux avoir tort en même temps.
Vrais phasmes et fauxphismes
Venons-en maintenant au cœur de cet article, où sera abordé un cinquième problème, celui qui sera abordé au cas-par-cas dans cette série. Ce cinquième problème découle très directement d’un rapport faussé avec la logique et plus encore la rhétorique: le fait de traiter la logique et la rhétorique comme si ces deux disciplines avaient pour objet de dresser un catalogues d’erreurs et d’arguments fallacieux, ne permet de comprendre ni ces disciplines, ni même ce qu’est un argument fallacieux.
Avant de nous confronter à ce dernier problème, il va nous falloir par conséquent rappeler les bases concernant la logique et la rhétorique.
B. Quelques banalités de base sur la rhétorique et la logique
La rhétorique est l’art de convaincre, pas l’art de manipuler
Le fait de traiter la rhétorique sous l’angle unique de son artificialité, et de systématiquement dévaluer tout ce qui est identifié comme s’y apparentant, trahit de fait un rapport au langage qui est une combinaison paradoxale, quoique commune, de soupçon et de naïveté. En ceci les zététiciens se comportent effectivement en anti-sophistes; ces derniers s’étaient donné pour mission d’enseigner aux citoyens l’art de convaincre (ce qui incluait certes de leur enseigner les pièges du langage), les zététiciens modernes se comportent face à la rhétorique comme si la vérité pouvait se défendre d’elle-même, et qu’on pouvait se passer de comprendre l’art de convaincre9. D’autre part, notre milieu se comporte en général face à un texte (pris au sens large: un ensemble discursif, oral ou écrit) comme si le paratexte était inexistant. La contextualisation est facilement assimilée à du toutsevautisme10, la recontextualisation dans les opinions de son auteur11 et d’une manière générale toute recherche sur l’implicite, à du procès d’intention (étant entendu qu’il est communément admis dans le milieu qu’il ne peut pas exister de procès d’intention légitime et équitable).
La logique est la discipline qui traite des formes argumentatives valides, pas juste des formes argumentatives invalides
La logique est en général à peine mieux traitée. Pourtant, beaucoup plus formaliste que ne l’est la rhétorique, on pourrait s’attendre à ce qu’elle ait plus intéressé un milieu qui valorise souvent beaucoup plus les sciences les plus formalisées (quand il ne dévalorise pas celles qui le sont le moins, au premier rang desquelles l’histoire, et la sociologie12). La logique, en effet, est presque entièrement formaliste.
Si il est vrai que l’idée que la logique n’avait pas vocation à trancher sur la vérité des énoncés mais sur la validité du raisonnement commence à faire son chemin, le milieu peine encore beaucoup à en tirer les conséquences: la logique ne permet ni d’infirmer, ni de confirmer une conclusion. Son respect, en revanche, est certes une nécessité pour s’assurer de la solidité d’une argumentation – mais il est plus important de fait de savoir construire un raisonnement valide que de savoir reconnaitre un raisonnement invalide (je vous renvoie au troisième point en début d’article).
Paralogismes formels et paralogismes informels, petit rappel salutaire
Nous sommes maintenant au porche de notre cinquième problème. Avant de le franchir, il nous reste cependant à faire un rappel concernant les paralogismes, et en particulier sur la différence entre paralogismes formels et paralogismes informels, pour nous assurer que nous nous comprenons bien.
Quoique ce ne soit pas le seul classement possible13, les paralogismes peuvent, donc, se regrouper en deux catégories: paralogismes formels, et paralogismes informels (pratiquement, ces deux catégories séparent aussi ceux qui relèvent de l’erreur logique et ceux qui relèvent de l’erreur rhétorique).
Les paralogismes formels relèvent de l’erreur de construction de la forme syllogisme d’un argument. Pour mémoire, un syllogisme est la forme logique de base de la logique formelle, qui construit sans erreur permet un raisonnement valide. Ils prennent la forme suivante (je donne ici le cas le plus connu, à trois proposition. On peut toujours multiplier les prémisses, quoiqu’évidemment la tâche de construire des syllogismes valides devienne de plus en plus ardue):
- Proposition 1 (prémisse majeure): les [moyen terme] sont [terme majeur]
- Proposition 2 (prémisse mineure): or [terme mineur] est [moyen terme]
- Proposition 3 (conclusion); donc [terme mineur] est [terme majeur]
Pour prendre un exemple connu (et un peu modifié, saurez-vous dire en quoi, lecteurs attentifs?):
- Proposition 1: tous les hommes (moyen terme) sont mortels (terme majeur)
- Proposition 2: Protagoras (terme mineur) est un homme (moyen terme)
- Proposition 3: Donc Protagoras (terme mineur) est mortel (terme majeur).14
Ici il n’est pas inutile de rappeler à nouveau que la logique ne concerne pas la vérité mais simplement, la validité d’un raisonnement, et il est très facile d’inventer des syllogismes aux conclusions parfaitement délirantes sans qu’ils soient des paralogismes (il suffit de donner une ou des prémisses délirants à son syllogisme. Essayez chez vous, vous allez voir, c’est assez rigolo). Par exemple:
- Tous les poissons ont quatre pattes
- Les carpes sont des poissons
- Donc les carpes ont quatre pattes.
La chose est importante, parce que détecter une erreur ne veut pas nécessairement dire que cette erreur est la conséquence d’une faute de raisonnement. Le raisonnement peut être valide, et les conclusions fausses; se lancer dans la tâche futile de la chasse au « sophisme » est alors une perte de temps.
Les paralogismes informels en revanche, ne s’inscrivent pas dans la logique mais directement dans le langage, c’est pourquoi ils relèvent de la rhétorique. Ils ont aussi, parfois, une structure précise, mais l’erreur n’est pas dans la construction et donc, pas dans la structure du raisonnement.
C. Un cinquième problème – où l’auteur se décide enfin à parler du cœur du sujet, et où le lecteur peut enfin saisir de quoi il est question quand l’auteur le bassine avec son néologisme « fauxphisme »
Ces considérations posées, et maintenant qu’on sait de quoi je parle quand j’utilise les termes rhétorique et logique, nous pouvons enfin parler de ce qui va être l’objet de cette série d’articles consacrée à créer un « antibestiaire des fauxphismes ». La plupart du temps, ou en tout cas, bien trop souvent, le milieu sceptique ne comprend pas assez bien ce qu’est un paralogisme pour être capable de le différencier d’un argument parfaitement valide. J’ai bien conscience que le jugement peut sembler dur, mais j’en comprends je crois les raisons, et si le milieu a pris un mauvais pli, j’ose encore espérer qu’un coup de fer à repasser sur notre logique et notre rhétorique pourra les dé-froisser si on s’y met collectivement.
Le problème vient du fait que les zététiciens apprennent en général à reconnaître les paralogismes à partir de pures descriptions; et que la plupart des paralogismes ne sont pas des erreurs purement formelles mais des erreurs contextuelles.
De l’art de créer des faux-positifs – où le fauxphisme, enfin, apparait dans toute sa gloire
Les paralogismes qui sont les plus invoqués dans le milieu zététique contre ses adversaires sont, sans conteste, des paralogismes informels: regardez à quoi ressemblent ces publications dont je parlais plus haut, et quels sont les paralogismes invoqués, vous ne trouverez que très rarement invoqué un paralogisme formel. Les noms qu’on retrouve habituellement sont l’homme de paille et l’attaque ad hominem (habituellement confondue avec l’attaque ad personam), suivis de la pente glissante, l’appel aux émotions, l’appel à la nature, l’appel à l’ignorance, l’argument d’autorité, et ainsi de suite.
Les lecteurs avisés auront sans doute déjà remarqué quelque chose: de tous les paralogismes de cette liste, aucun n’est un paralogisme formel – tous relèvent, en fait, de l’argument fallacieux rhétorique. La liste n’est certes pas exhaustive – néanmoins il est très rare que soit relevé un paralogisme formel dans les listes proposées par les commentateurs d’un post de la catégorie « expliquez-moi pourquoi j’ai raison » que j’évoquais plus haut.
Et ici, nous revenons à cette idée évoquée plus haut: les sceptiques apprennent à identifier les « sophismes » sur la base de leur forme. Ce qui nous amène au problème: les paralogismes ne sont en général pas identifiables sur cette seule base.
Les seuls paralogismes qui peuvent être identifiés par leur seule forme sont des paralogismes formels, et même les paralogismes formels ne sont pas toujours facile à reconnaitre à leur seule forme. Par exemple, la négation de l’antécédent peut se reconnaître facilement par sa seule forme (« si A alors B, donc si non-A alors non-B ») comme c’est souvent le cas avec les non sequitur, dont la négation de l’antécédent est un cas particulier. Mais les faux syllogismes qui jouent sur un usage de sens différent d’un même terme dans la première et la seconde prémisse, qui appartiennent à la catégorie des quaternio terminorum ou erreur des quatre termes, sont plus difficiles à déceler, parce que le quatrième terme dans le syllogisme est dissimulé derrière le double sens du mot incriminé15.
Les paralogismes informels, quant à eux, paralogismes non moins problématiques que les paralogismes formels, ne peuvent pratiquement jamais se reconnaitre sur leur simple forme; le contexte doit toujours être regardé avec attention pour trancher si on a bel et bien affaire, ou non, à un paralogisme. Quelques exemples:
- la prémisse cachée n’est pas discernable par sa simple forme de n’importe quel argumentaire, qui sera nécessairement incomplet – un argumentaire complet serait nécessairement infini16.
- la fausse analogie partage la même forme avec une analogie valide, ce qui les distingue est la clarté de ce sur quoi porte l’analogie et de ses limites.
- l’argument ad hominem est de même forme qu’il constitue un paralogisme ou non, ce qui distingue les deux est le caractère pertinent du comportement qu’on vise chez l’adversaire au regard de la position qu’on critique chez lui. Par exemple, d’une manière générale, un tu quoque (« toi aussi ») peut parfaitement servir à souligner l’hypocrisie de celui à qui/de qui on parle (usage légitime, qui ne vise pas spécialement à décrédibiliser l’argument lui-même). Le contexte là encore va être central: prenons un exemple classique de supposé « sophisme » de l’ad hominem tu quoque (c’est par exemple celui qui est choisi sur la page wiikipédia « sophismes »):
Comment Voltaire peut-il prétendre parler de l’égalité des Hommes alors qu’il avait investi dans le commerce des esclaves ?
D’une part il serait très cavalier, et souvent illégitime, de refuser de discuter des arguments de Voltaire contre l’esclavage parce qu’il n’en tirait pas lui-même les conclusions, si la discussion porte sur l’esclavage. En revanche et d’autre part, plus la discussion porte sur Voltaire lui-même (ou même sur les Lumières) et non plus sur l’esclavage, plus l’argument devient légitime: on ne peut pas, par exemple, arguer de la grandeur d’âme de cette fouine hypocrite au seul prétexte qu’il a tenu un discours qu’il n’a jamais été empressé de respecter lui-même. - les attaques ad personam elles-mêmes ne peuvent vraiment être considérées comme un paralogisme que si elles se substituent à l’argument (ce qui ne veut pas dire, certes, qu’elles soient constructives. C’est justement le fait qu’elles ne constituent pas un argument qui induit le fait qu’elles ne constituent pas un paralogisme si elles n’ont pas prétention à l’être).
- l’appel au sentiment est potentiellement légitime sur les questions éthiques ou politiques. C’est un outil très courant en rhétorique d’utiliser, à côté du Logos, les ordres de discours qu’en rhétorique classique on désigne par le Pathos et le Phobos. Et si vous ne pensez pas qu’il soit légitime d’avoir peur, par exemple, du fascisme ou du changement climatique, d’être en colère face aux injustices, ou d’éprouver de la compassion pour les réfugiés, je vous demanderai d’aller jouer à la marelle sur un champ de mines au lieu de perdre un temps précieux sur ce texte de gauchiste (sur la question de l’usage du sentiment en rhétorique, vous pouvez vous référer aux traités de Cicéron qui fait autorité sur cette question, ce qui nous amène à)
- l’argument d’autorité n’est pas formellement différent du fait de fournir des sources pertinentes sur ce qu’on avance, c’est la légitimité de la source invoquée au regard de l’objet discuté qui fait ou non le paralogisme. Notez que tout le monde faisant autorité sur sa vie, même une source d’apparence anecdotique peut être une source légitime17.
- Une pente glissante ne devient un paralogisme que si les étapes de la pente ne sont pas fondées. Dire que si on fait A alors il se passera B qui entrainera C, si on argumente chacun des passages, de A à B puis de B à C, est tout-à-fait valide18.
- et ainsi de suite. Ce sont tous ces nombreux cas de faux-positifs que nous regroupons ici sous l’expression « fauxphismes », et qui seront l’objet de cette série.
Évidemment, le travail de traque du « sophisme » devient plus compliqué à partir du moment où on comprend qu’une observation de la forme ne peut pas se passer d’une analyse du contenu quand on en vient à chercher à discerner les figures rhétoriques légitimes des paralogismes informels/rhétoriques.
La suite de cette série sera consacrée à fournir à nos lecteur des ressources simples permettant d’éviter le piège du fauxphisme. Dans l’idéal, cette mauvaise habitude qui consiste à chercher l’erreur dans le discours de ses adversaire disparaitrait des pratiques sceptiques, mais d’une part, je ne suis pas naïf au point d’imaginer que c’est un changement qui arrivera brutalement, et d’autre part, le fait de discerner les erreurs dans un raisonnement (dont les paralogismes) est utile à partir du moment où l’on n’engage pas la conversation dans ce but, et il est évident que pour une bonne compréhension d’un argumentaire il est nécessaire aussi d’éviter de voir des paralogismes là où il n’y en a pas. Les articles que nous consacrerons aux différents fauxphismes seront, je vous rassure, bien plus courts que celui-ci (plutôt que des articles stricto sensu, ce seront sans doute plus des sortes de fiches techniques); ils auront aussi pour vocation de fournir une ressource non seulement à nous, sceptiques, mais aussi à nos victimes, sceptiques ou non, quand il prend à l’un d’entre nous l’envie de montrer son intelligence à peu de frais en criant à l’ad hominem juste parce que la personne en face de lui vient d’attaquer quelqu’un nommément pour ses positions.
Une dernière remarque avant l’étude de cas
Je tiens aussi à insister sur quelque chose: on peut tout aussi bien traquer le fauxphisme que traquer le « sophisme ». Cette série n’a nullement pour vocation de devenir un catalogue de remplacement à l’idée de traquer le « sophisme » dans des échanges conçus comme des concours d’egos. Vous n’aurez pas plus prouvé votre thèse si vous prenez votre contradicteur à voir un « sophisme » inexistant que si vous le voyez commettre un paralogisme. S’il y a une chose à retenir de cet article et de la série qui l’accompagnera, c’est qu’au relevé d’erreurs il est pratiquement toujours préférable de substituer des contre-argumentaires.
C’est vrai pour les « sophismes »: crier à l’homme de paille est le plus sûr moyen pour envenimer une discussion, tandis que dire à la personne qu’elle a mal compris votre thèse (sans l’accuser, sauf cas évident de mauvaise foi, d’être à l’origine de cette incompréhension), et travailler avec lui à comprendre la nature et l’origine de cette incompréhension fera, en revanche avancer la discussion19.
Mais c’est vrai aussi pour les fauxphismes: si on vous accuse de commettre un homme de paille parce que vous avez schématisé un discours pour le rendre plus simple à une critique orale, par exemple, vous ne sortirez pas du cycle infernal des accusations improductives si vous vous mettez à votre tour à crier au fauxphisme20.
Dans les deux cas, si une connaissance formelle des paralogismes, ce qu’ils sont, ce qu’ils ne sont pas, est utile à penser et, dans une moindre mesure, à comprendre la pensée des autres, lâcher le nom d’un « sophisme » ou d’un fauxphisme est un très pauvre substitut à ce que cette attitude escamote: si vous ne pouvez pas argumenter les raisons pour lesquelles vous pensez qu’il y a dans un argument un « sophisme » ou un fauxphisme, c’est qu’il n’y en a probablement pas. Et si vous en êtes capables et que vous vous en abstenez, c’est une forme de mépris pour votre interlocuteur.
Voilà, le corps de l’article s’achève sur cette remarque. Avant de le clore, je me propose maintenant d’illustrer la notion de fauxphisme par une étude de cas, qui a la particularité de se tromper aussi sur la forme que prend l’authentique paralogisme auquel il est rapporté.
Bonus – Une étude de cas – le faux déshonneur par association
Un déshonneur par association est une stratégie rhétorique malhonnête visant à entacher son interlocuteur, ou ses idées, ou la cause qu’il défend, en l’associant (d’où le nom) à un groupe de personnes, ou des idées, ou une cause qui sont regardés globalement comme infâmes (le cas le plus connu est le fameux argument ad hitlerum), sur la base d’un point commun (sans que ce point commun soit celui qui vaut à ce groupe de s’être « déshonoré »).
Remarquez immédiatement d’où vient l’association dans l’expression: celui qui associe, c’est celui qui commet ce paralogisme.
Pour prendre un exemple connu: « vous êtes vegan? Vous savez qui ne mangeait pas non plus de viande? HITLER! » Ici l’intention du locuteur est claire: il s’agit d’associer dans l’esprit de l’auditoire, le véganisme (et par extension l’adversaire) au nazisme. Je n’ai pas besoin de m’étendre, je pense, sur le fait que le végétarisme de Hitler n’est pas la raison qui l’a rendu infâme. Il s’agit bien ici d’un déshonneur par association21.
Cependant, et pour prendre un exemple de fauxphisme du déshonneur par association, quiconque a déjà discuté avec un soutien de Bricmont a déjà eu à traverser cette expérience douloureuse: rappeler que Bricmont s’est associé, et s’associe encore, à des négationnistes, qu’il leur rédige à leur mort des homélies déchirantes et vibrantes où il les désigne comme « les athées de cette religion [la Shoah] », est immédiatement taxé de déshonneur par association.
Or ici, l’erreur vient d’une incompréhension totale du concept. Rappeler les associations de Bricmont avec les négationnistes n’est pas associer soi-même Bricmont aux négationnistes (Bricmont s’en étant lui-même chargé). Ce rappel pourrait effectivement être un paralogisme, si on se servait de ces accointances par exemple pour discréditer son travail de professeur de physique, mais ce serait un cas de paralogisme de l’ad hominem. Et dans tous les cas que j’ai rencontrés, ça n’a jamais du reste été le cas: il s’agissait de souligner le caractère peu recommandable du personnage, pour justifier qu’on cessât de lui faire de la publicité en l’invitant à des débats cordiaux entre copains. Si le fait d’être ce que Vidal-Naquet appelait un « négationniste discret » ne suffit pas à vos yeux pour se déshonorer, je vais être sec, mais le problème n’est pas que la personne en face de vous commette un chimérique « déshonneur par association », le problème est que vous ne prenez pas assez au sérieux le négationnisme.
Mais ici, même si cette manière de mal identifier un déshonneur par association est tristement courante, c’est une manière de se tromper sur la forme elle-même de l’argument. Il peut très bien y avoir des cas où un argument peut ne pas être un déshonneur par association, tout en partageant sa forme.
On a déjà survolé une possibilité: si la caractéristique commune à ce qu’on vise à décrédibiliser et à ce à quoi on le compare est précisément ce qui décrédibilise ce à quoi on le compare. Mais il y a au moins un autre cas. Revenons à notre exemple de déshonneur par association « correct » : « Vous savez qui ne mangeait pas non plus de viande? HITLER! » Là encore, le contexte peut rendre exactement la même phrase parfaitement valide; imaginons par exemple que cette phrase répond à une affirmation qu’on est nécessairement de gauche si on ne mange pas de viande: la phrase prend alors la valeur d’un contre-exemple parfaitement légitime d’un point de vue rhétorique, quoiqu’un peu cavalier22.
Remerciements:
Je tiens à remercier chaleureusement les nombreuses personnes qui ont donné de leur temps et de leur énergie pour discuter avec moi des problèmes abordés dans l’article, comme celles et ceux qui m’ont accompagné dans le processus d’écriture par leurs relectures attentives, et tout particulièrement, l’autrice du blog Ce n’est qu’une théorie, Arnauld, Dorian Chandelier, Pierre-Alexandre, Ricardo, Jérémy Royaux, Phil, Pascal, Goto et tant d’autres que j’ai tanné avec mes obsessions. On ne le répétera jamais assez, personne ne pense par soi-même, et c’est justement cet aspect collaboratif dans l’élaboration de nos réflexions qui en est une des plus belles caractéristiques.
Notes:
- Je constate cependant une montée rassurante des préoccupations dans le milieu concernant cette habitude.
- Oui, c’est un problème politique – je ferais bien des excuses à ceux à qui l’évocation de la politique donne immédiatement des crises d’urticaire, mais ce serait hypocrite. Si vous ne pouvez pas prendre sur vous, passez votre chemin et allez en paix.
- Après tout, si l’on en croit Aristophane, Socrate lui-même en était un.
- Les positions qu’il a défendues dans la République ont, certes, évolué dans les dialogues suivants.
- Il est impossible de comprendre la nature de ce débat, ou plus justement de cet affrontement, sans avoir à l’esprit que Platon et les sophistes comme Protagoras sont de fait les créateurs des deux premières philosophies politiques de l’histoire; et que cette opposition est basée sur cette concurrence. L’ouvrage L’Héritage de la Grèce, dirigé par Moses I. Finley, contient un article des plus éclairants sur cette question, dont je ne saurais trop conseiller la lecture à qui s’y intéresse. Mes cartons n’étant toujours pas déballés je ne peux pour l’instant donner la référence précise (nom de l’article et auteur) mais je modifierai cette note dès que possible avec ces informations.
- C’est sans doute cet aspect qui fait que c’est de fait, et heureusement, un point très discuté dans le milieu zététique ces derniers temps. Hélas, le point suivant est rarement, si il l’est, débattu. Je reste cependant confiant sur la possibilité du milieu sceptique à s’amender: les choses, déjà, nous semblent évoluer dans le bon sens.
- De nombreuses pistes ont été abordées dans l’excellent article du blog Ce n’est qu’une théorie (et repris sur le présent blog avec l’aimable autorisation de l’autrice), « Communication éthique et efficace« . Pour les personnes plus à l’aise avec la forme audiovisuelle qui pour une raison étrange liraient le présent article (je vous préviens, je n’aime pas faire court) la vidéo de Christophe Michel titrée « Ep30 Dois-je être rationnel ? » sur sa chaîne Hygiène Mentale contient des idées similaires. Quoique ce ne soit pas exactement le but de cette vidéo, il est je crois facile d’en tirer une leçon importante et très utile ici: les gens jugent les mêmes choses différemment parce qu’ils ont des priorités différentes bien plus que parce qu’ils pensent mal. Nous avons consacré une série d’articles à cette question – qui sont complémentaires du présent article à bien des égards.
- Je rappelle que les Anciens Grecs pensaient la Terre sphérique parce que la sphère était la forme parfaite. Ce n’est pas vraiment le meilleur argument du monde pour fonder la rotondité de la Terre, mais la conclusion, elle, est juste. Notez aussi, que la thèse avait de fortes chances d’être juste, même avec une argumentation qui aujourd’hui fait sourire. Comme souvent en sciences, la théorie est une construction ad hoc qui vise à trouver les raisons de ce qu’on observe: les humains se sont rendu compte de la rotondité de la Terre dès qu’ils se sont sérieusement posé la question de sa forme, et ont ensuite cherché à trouver des raisons formelles pour expliquer cette découverte.
- L’art de convaincre est une description stricte de ce qu’est la rhétorique. Notez que c’est un art qui est neutre face à la vérité des énoncés auxquels il s’applique (on peut convaincre du vrai et du faux). Nous le verrons, c’est une neutralité que la rhétorique partage largement avec la logique.
- Improprement qualifié de « relativisme ». La question du rapport du milieu rationaliste avec le relativisme est une question vaste que nous comptons bien aborder sur ce blog.
- Recontextualisation en général condamnée au nom d’un principe idiot: il faudrait juger les arguments indépendamment de qui les énonce. Ce principe est une clé de compréhension concernant la régularité avec laquelle les références à la zététique sont régulièrement un frein à l’analyse politique, quand il ne sert pas d’argument à ce qu’on débatte de propos fascisants. Il mériterait un article spécifique.
- La sociologie a en réalité un rapport au formalisme plus complexe que la manière dont cette discipline est en général perçue. Elle dispose de nombreux cadres théoriques – chaque travail sérieux en sociologie se doit de préciser le cadre choisi – et certains peuvent être très formalistes; d’autre part, si on laisse de côté la question du formalisme en sciences sociales, une certitude dans le caractère impérieux d’un formalisme devrait être discutée plus en détail – ce pourrait être l’objet d’un prochain article.
- John Stuart Mill, par exemple, dans son très instructif ouvrage Système de logique déductive et inductive, propose un classement en cinq classes, en fonction de ce sur quoi porte l’erreur: fallacies a priori, d’observation, de généralisation, de raisonnement, et enfin par confusion. Cette classification n’est nullement exclusive d’une séparation entre paralogismes formels et informels, qui porte sur un autre aspect des paralogismes que celui retenu par Mill. Notez aussi que la partie de son ouvrage que Mill consacre aux fallacies correspond au cinquième livre, sur six, le dernier étant consacré à la logique des sciences morales. Il ne tient évidemment pas du hasard que cette partie arrive en avant-dernière position, dernière des généralités sur la logique avant d’en venir à un livre consacré à un usage de la logique dans un cadre particulier. Je le répète: la logique n’est pas sensé être un catalogue de raisonnements invalides, mais une étude systématique des règles pour forger des arguments valides; la reconnaissance des arguments invalides, n’étant qu’une conséquence de ce but. Précisons enfin que les propositions de Mill, concernant les fallacies comme d’autres relectures de la logique classique, étaient originales en son temps.
- Par pur goût de la précision maniaque, je me dois de préciser qu’Aristote aurait jugé ce fameux syllogisme comme faux. Pour lui en effet, un particulier (dans ce syllogisme, c’est Protagoras qui remplit cette fonction) doit obligatoirement être un groupe: une personne était en effet, trop unique à ses yeux pour pouvoir être considéré comme un concept (on peut certes conceptualiser des caractéristiques de Protagoras, mais il n’existe pas de concept de Protagoras; et une conceptualisation des caractéristiques de Protagoras ne pourrait pas épuiser sa personne), et les particuliers se doivent eux aussi d’être des concepts. Un particulier valide pour Aristote aurait la forme « certains x » (une forme moderne serait « il existe des x« …). Quoiqu’il en soit, on a reconnu globalement ce genre de syllogismes qui font appel à des personnes uniques dans le rôle de particulier comme valide – à nouveau, pour ce qui nous occupe, cette précision relève plus du factoïd historique que d’autre chose.
- Un bon exemple étant utile à la compréhension, voici un exemple connu de ce paralogisme: « P1- Seuls les Hommes naissent libres. P2- Les femmes ne sont pas des hommes. P3- Donc les femmes ne naissent pas libres. » L’entourloupe réside dans le fait que le terme « homme » ne désigne pas la même chose dans P1 (où il est utilisé comme synonyme de genre humain) et dans P2 (ou il désigne spécifiquement les humains de sexe masculin). Il y a donc bien 4 termes et non 3: homme/genre humain, homme/individu de sexe masculin, femme, né libre. Au passage, c’est accessoirement une bonne raison pour ne pas utiliser le masculin comme genre « neutre ». Notez également que la première prémisse est rien moins que contestable – un militant de la cause animale s’inscrirait en faux. L’exemple a été choisi parce qu’il est classique, pas parce qu’il remporte mon adhésion.
- Et de même pour le mensonge par omission.
- Fun fact: il m’est arrivé récemment de me faire accuser d’user d’un argument d’autorité en usant de ma propre expérience… pour parler de ma vie. Comme quoi pratiquement n’importe quoi peut arriver si on sait se montrer patient.
- Je précise à nouveau: l’argumentation est valide qu’elle soit juste ou non. Il ne faut pas confondre la simple erreur et un paralogisme: si l’argumentation est correcte, elle peut cependant être fausse, par exemple parce qu’elle laisse de côté des raisons qui feront que C ne découlera pas nécessairement de B. A l’inverse, à nouveau, j’insiste aussi sur le fait qu’une argumentation incorrecte peut défendre une thèse vraie sur le fond.
- Soulignons que si les hommes de pailles sont aussi courant, c’est aussi et surtout parce qu’ils sont très facile à construire accidentellement, par simple incompréhension de la thèse adverse. Il est quand même important de garder à l’esprit qu’aucun d’entre nous n’étant télépathe, vous partez avec un gros avantage pour ce qui est de la compréhension précise de votre propre thèse. Il n’y a pas là matière à nourrir un sentiment de supériorité.
- Bien évidemment, si votre interlocuteur ne contre-argumente qu’en lançant des noms de « sophismes » toutes les deux phrases que vous prononcez – ce que pour mon malheur j’ai déjà vécu – rien ne vous oblige en revanche à continuer la discussion, bien entendu.
- Notez que, hélas, la sphère sceptique n’est nullement à l’abri de se livrer à ce genre d’arguments fallacieux. Un article récent de notre site en donnait une sinistre illustration: la manière dont la défense de la psychologie évolutionniste passe souvent par une identification de toute critique qui lui est faite au créationnisme.
- Je tiens tout de même à insister sur le fait que je n’ai jamais croisé ce contexte précis, il est purement hypothétique. Dans l’immense majorité des cas au moins (et dans mon expérience personnelle, dans tous) cette phrase est utilisée bel et bien comme un paralogisme du déshonneur par association. Il s’agit juste d’illustrer que même avec l’exemple en apparence le plus évident, il peut exister des contextes qui font qu’on n’a pas affaire à un paralogisme.
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